Wim Hof : les secrets de l’homme de glace
Quand l’esprit commande au corps, la science ne comprend plus rien
Temps de lecture estimé : 4 minutes
Cher lecteur,
Dans un environnement à 0°C, un homme normal peut survivre 30 minutes.
Wim Hof, un Hollandais de 60 ans, tient plus d’une heure dans une cage remplie de glace. Au-delà de tout ce que la science a prévu.
Ce « gourou » des techniques d’exposition au froid a été détenteur de 26 records du monde en lien avec le froid extrême :
- L’ascension du Kilimandjaro en short,
- La plus longue distance parcourue à la nage sous la glace,
- Le marathon dans la neige parcouru pieds nus en un temps record
Tout ça, c’est lui.
Et si vous vous demandez comment il fait, vous êtes au bon endroit.
Quelle est la technique de Wim Hof ?
Cette méthode, qu’il a inventée lui-même, serait le secret de sa résistance hors norme à l’exposition au froid :
- Etape 0 : Se détendre, s’installer dans un endroit où on ne sera pas dérangé
- Etape 1 : Respirer profondément et à un rythme soutenu 30 ou 40 fois.
- Etape 2 : Se mettre en apnée après la dernière expiration, tenir le plus longtemps possible (mais sans forcer).
- Etape 3 : Prendre une grande inspiration et retenir son souffle 10 à 15 secondes.
- Etape 4 : Recommencer 3 fois les étapes précédentes.
- Etape 5 : Se concentrer et méditer, fermer les yeux, rester calme et en contrôle
C’est cette préparation qui serait à l’origine de tout, couplée à une exposition régulière et progressive au froid.
En clair : Wim Hof hyperventile, puis se met en apnée, relâche, médite, s’expose au froid et… c’est tout ?
Ce qui se passe dans le corps d’« Iceman »
Les chercheurs ont voulu comprendre comment des exercices respiratoires avaient pu conduire ce Hollandais excentrique à exploser des records du monde.
En temps normal, quand on a froid c’est le cortex insulaire qui s’active. Il déclenche des mécanismes de thermogenèse pour réchauffer l’organisme.
Mais pendant la préparation de Wim Hof, c’est une autre région du cerveau qui s’active : la substance grise périaqueducale.
Cette zone méconnue s’active aussi quand on consomme du cannabis ou de l’opium… et c’est elle qui est en partie responsable de leurs effets analgésiques.
D’après une équipe de chercheurs américains, c’est bien la préparation de Wim Hof qui fonctionne, et pas son organisme qui serait exceptionnel.
L’hyperventilation suivie de l’apnée génère un stress que le cerveau cherche à compenser grâce à la production d’antidouleurs naturels.
Ces antidouleurs permettent de supporter le froid, de s’y conditionner.
Ensuite, la méditation prend le relais : le corps s’étant habitué, l’esprit n’a plus qu’à rester en contrôle. Quand elle est maîtrisée, la méditation libère de la dopamine en activant les circuits de la récompense, ce qui prolonge l’effet analgésique.
Enfin, pour ce qui est du corps en lui-même, la respiration charge suffisamment les cellules en oxygène pour que le sang continue à irriguer les extrémités.
C’est une des raisons qui explique pourquoi, malgré son exposition au froid extrême, Wim Hof ne souffre quasiment jamais d’engelures.
L’esprit prend le contrôle du corps
Là où ça devient complètement dingue, c’est que les chercheurs ont découvert que Wim Hof était capable, dans une certaine mesure, de « prendre le contrôle » de son système immunitaire.
On se doutait que l’hyperventilation avait un effet sur l’hypothalamus, centre de commande de l’immunité, mais encore fallait-il le prouver…
Aussi, des chercheurs hollandais ont injecté à leur compatriote une toxine censée lui provoquer une forte grippe, avec des symptômes fiévreux et des douleurs.
Wim Hof s’est contenté de répéter plusieurs fois son protocole de respiration… et la toxine ne lui a provoqué AUCUN symptôme, sinon un léger mal de tête pendant à peine quelques minutes.
À ce stade, les scientifiques se sont posés une question : Wim Hof est-il une anomalie, un surhomme câblé différemment des autres… ou ses capacités sont-elles reproductibles par l’humain lambda ?
Pour en avoir le cœur net, une seule solution : tester.
Plus d’adrénaline qu’après un saut à l’élastique
Wim Hof a formé 12 volontaires à ses techniques pendant plusieurs jours en Pologne.
Il leur a appris à respirer, à se concentrer, à s’exposer progressivement au froid…
De retour aux Pays-Bas, les 12 volontaires ont reçu la même toxine que lui.
12 autres cobayes non formés par Wim Hof ont également été contaminés pour l’expérience.
Et ce qui devait arriver arriva…
Les 12 disciples de Wim Hof n’ont eu que très peu de symptômes, voire aucun chez quelques-uns.
Les 12 cobayes qui n’avaient pas été formés ont eu l’équivalent d’une grippe classique.
Mais surtout, quand on mesurait les neurotransmetteurs du groupe formé par Wim Hof, stupeur : ils avaient tous un taux d’adrénaline plus élevé qu’après un saut à l’élastique.
Comme s’ils avaient pu activer leur système nerveux autonome sympathique volontairement.
Sans stimulus externe.
À ce jour, la recherche n’explique pas encore clairement tous ces liens : comment l’hyperventilation peut agir sur l’hypothalamus, comment le système nerveux autonome s’active suite à ces exercices…
La plupart des mécanismes restent flous, et la science se contente d’observer et de mesurer.
Wim Hof est toujours (partiellement) une énigme, mais on sait au moins que ses capacités sont reproductibles.
Une chose est sûre : dans les années à venir, les techniques respiratoires et l’exposition au froid seront disséquées par les chercheurs pour en comprendre tous les ressorts…
Peut-être que leurs découvertes nous aideront à atteindre une hyper-immunité, qui nous serait bien utile en ces temps un peu fous.
Bien cordialement,
Marc
C’est la technique qui était utilisée depuis toujours par les chasseurs sous-marins, puis les apnéistes profonds, en plus du training autogène ou du pranayama yoga. Avec le succès et les avancées que l’on sait.
Merci pour cette article cela me permet de me remémorer ces exercices qui ont fait leur preuve. Merci encore.
Bonjour,
Merci pour vos articles concernant notre « capacité de résistance », je suis habituée au froid, peu de chauffage, souvent pieds nus et vêtue normalement en intérieur et au dehors, même par moins 10 ou moins 16, j’ai rarement froid (je ne vise pas les exploits de cet homme, bien sûr). Je vis dans le Haut Doubs qui n’est pas réputé pour sa douceur climatique. Je ne réussis pas à m’adapter à la chaleur de la même façon, pourriez-vous dans la même veine que cet article, donnez quelques idées concernant la résistance au chaud.
Merci d’avance.
Il faut l’aimer!
Très intéressant, merci!
Bonsoir Marc, Cela fait maintenant plus d’un an que j’ai découvert « Iceman » et que je m’applique à suivre ses conseils (douches froides, exercices d’apnée, exposition mesurée et prolongée au froid…) et le moins que l’on puisse dire, c’est que ma résistance « au froid » s’est considérablement développée. J’ignore si ces principes associés à une hygiène de vie rigoureuse (qui passe par une alimentation saine) y sont directement pour quelque chose, mais je ne suis plus sujet aux petites tracasseries de saison (je me garderai bien de parler du C…d !!) Je ne suis pas surpris de retrouver cet lettre consacrée à… Lire la suite »
Bonjour Marc,
concernant votre dernière newsletter sur Wim Holf, combien dure la dernière étape ? (celle de la méditation?). Merci pour votre réponse ainsi que pour tous les précieux conseils que vous nous apportez.
Cordialement
Frédéric
Vos articles sont hyper intéressants, merci
Merci Marc, votre mail rejoint ceux que je garde précieusement depuis le début de la crise. Nous sommes si petits(es) face à ces expériences. Avous lire…
Hélène /Louise
Pratiquant cette méthode en plus du yoga, je peux assurer que c’est efficace et là c’est juste physiologique. Les respirations tapent aussi ds le corps émotionnel où pleins de traumas, doutes, émotions ressortent de plusieurs façons suivant chacun (pleurs, rire, tremblement etc). Sa façon de respirer est un dérivé des pranayama mais plus simple, rapide en résultats et accessible à plus gd nombre. Par contre attention pour les épileptique, asthmatique pas de rétention poumons pleins. Et surtout ne pas faire ça en conduisant, dans l’eau… Risque d’évanouissement.