Débarrassez-vous de votre susceptibilité
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Cher lecteur,
Les Américains ont une expression bien à eux pour parler des gens trop fragiles.
Ils parlent de snowflake (flocon de neige).
L’expression vient du livre Fight Club, de Chuck Palahniuk.
C’est le gourou Tyler Durden qui rabâche à ses fidèles qu’ils n’ont rien de spécial ou de magnifique. Qu’ils ne sont pas des flocons de neige.
La caractéristique du flocon de neige, c’est qu’il ne faut pas grand chose pour le dissoudre.
Pourquoi je vous parle de ça ?
Vous êtes nombreux à avoir répondu au questionnaire « étape 2 » que je vous ai envoyé par e-mail.
J’ai lu toutes vos réponses.
Une majorité d’entre vous cherche des conseils en renforcement mental et gestion des émotions (plus de 78%).
C’est la raison de mon message.
Notre sujet du jour, c’est la susceptibilité.
Comment vaincre ce défaut qui vous rend vulnérable à la moindre critique… et qui empoisonne vos relations aux autres par votre seule faiblesse ?
C’est avant tout une question de perception.
Voici quelques éléments pour apprendre à encaisser les critiques sans vous sentir blessé.
À la fin de cette lettre, je vous donnerai un outil pour trier les critiques et distinguer l’essentiel de l’accessoire.
Non, les mots ne font pas « plus mal » que les coups
La première étape pour un mental fort, c’est de débrancher les émotions quand on vous dit quelque chose qui ne vous plaît pas.
Si on peut vous blesser avec des mots, vous êtes très fragile.
Certains estiment que « les mots font parfois plus mal que les coups »…
À votre avis, combien de coups ils ont pris, ceux-là ?
Combien d’épreuves vraiment dures, combien de décès, de guerres, de maladies ?
La susceptibilité, c’est pour les faibles. Vous valez mieux que ça.
N’oubliez jamais que quand quelqu’un vous dit que quelque chose de blessant :
- C’est un individu qui vous juge, avec ses limites et sa subjectivité – ce n’est pas une vérité générale
- Il ne juge jamais que l’aperçu que vous lui avez donné – ce n’est pas toute votre personne
- Et cet aperçu est figé dans le temps – vous n’êtes pas le même d’un jour sur l’autre !
Donc même en admettant que vous soyez blessé… Ce jugement est subjectif, biaisé, péremptoire, limité dans le temps.
Et encore une fois : ce ne sont que des mots.
Ce n’est pas aux autres de faire attention à vous
Peu importe le cas de figure, il n’y a aucune raison de mal prendre des mots.
Ces gens n’ont pas agressé un de vos enfants, ni saboté votre carrière.
Le seul potentiel de nuisance qu’ils ont, c’est VOUS qui leur donnez parce que vous êtes trop faible pour encaisser.
Même si c’est un proche qui vous agresse : prenez du recul, même si ce qu’il dit est dur.
Peut-être qu’il essaie de vous aider (j’y reviendrai), ou bien c’est lui qui est en train de péter les plombs. Tout ne tourne pas autour de vous.
La leçon à retenir est la suivante : ce n’est pas aux autres de faire attention à vous.
C’est à vous de construire des digues mentales, logiques, pour éviter les intrusions extérieures qui vous font vriller à la moindre critique…
Mais en restant parfaitement calme et froid, rien ne vous empêche d’essayer de comprendre les critiques : parfois elles seront gratuites, parfois elles auront du sens.
Dans tous les cas, il faut garder UNE chose à l’esprit.
Vous pouvez évoluer.
Même si la critique est vraie, même si ça fait mal… Elle n’est pas définitive.
Plutôt qu’un coup d’arrêt, ça doit être une occasion de devenir meilleur.
Si c’est quelque chose sur lequel vous n’avez pas de prise (par exemple un attribut physique disgracieux), alors la personne qui vous tacle le sait très bien.
Elle cherche à vous blesser… sauf que si vous avez un gros nez, par exemple, vous avez eu le temps de le découvrir. N’ayez pas de pudeur de gazelle, les autres le voient aussi, ne vous offusquez pas si on vous le fait remarquer.
Prenez-le avec le sourire, répondez « je sais, mais je n’y suis pour rien ! » – que peuvent-ils contre vous ?
Apprenez à sortir de vous-même
Rassurez-vous : je ne vais pas vous proposer une expérience New Age de sortie hors-corps…
Ce que je veux dire par là, c’est que vous devez apprendre à séparer votre conscience et votre personnalité.
Vous êtes une conscience, et vous avez une personnalité.
Votre conscience doit vous servir à comprendre et analyser votre personnalité.
C’est grâce à la conscience que vous prenez du recul sur vous-même.
Quand vous avez du recul sur votre personnalité (ce que vous faites, dites, pensez, vos caractéristiques, vos habitudes…), vous comprenez quelque chose d’essentiel.
On ne peut pas vous critiquer sur qui vous êtes vraiment, car personne ne le sait à part vous.
Ce n’est pas vous qu’ils critiquent, c’est une manifestation de votre personnalité à un moment précis.
Ils ne peuvent pas vous atteindre, car ils ne savent pas qui vous êtes
- Vous n’êtes pas vos opinions,
- Pas vos habitudes,
- Pas vos gestes ni vos paroles,
- Même pas votre personnalité…
Alors prenez les critiques comme si elles s’adressaient à quelqu’un d’autre – car c’est le cas.
Les autres ne voient que ce que vous leur laissez voir – et ils le voient à travers leur prisme personnel.
Ils ne savent pas qui vous êtes. Ils interprètent.
Je prends un exemple : ma lettre est lue par plus de 25 000 personnes. Il m’arrive de recevoir des critiques.
Une critique, même brutale, sur une de mes lettres, est-ce plutôt :
- La preuve que je suis un mauvais rédacteur qui n’y connait rien ?
- Ou l’avis à un moment donné d’une personne donnée sur un fragment de mon travail, interprété à l’aune d’un contexte particulier et d’expériences personnelles ?
Je crois que vous avez compris où je voulais en venir : il faut apprendre à segmenter, à relativiser.
Distinguez l’essentiel de l’accessoire : le filtre anti-susceptibilité
Distinguer l’essentiel de l’accessoire, c’est déjà trier les critiques à ignorer et celles à considérer.
Cela permet de dépassionner votre approche.
Voici les quatre questions à vous poser :
- Est-ce une vraie critique ou une plaisanterie mal dosée ?
Si c’est une vraie critique, passez à la question 2. Si c’est une plaisanterie mal dosée, apprenez à pardonner la maladresse – il n’y a pas mort d’homme. - Vient-elle de quelqu’un qui compte pour vous, ou d’un personnage secondaire de votre vie ?
Si c’est quelqu’un d’important, passez à la question 3. Sinon, faites un effort : l’avis des personnages secondaires, on s’en fout. Vous n’avez pas besoin d’eux. - Est-ce une critique sur un sujet sensible, qui vous touche, ou bien une attaque gratuite qui n’est pas fondée ?
Si c’est un sujet sensible, passez à la question 4. Si c’est gratuit, demandez à l’autre pourquoi il vous tacle de la sorte : c’est son problème, pas le vôtre. Demandez-lui calmement, c’est à lui d’être mal à l’aise. - Y pouvez-vous quelque chose ou est-ce indépendant de votre volonté ?
Si vous y pouvez quelque chose, dialoguez avec l’autre, posez-lui des questions. Vous êtes en face d’une opportunité de vous améliorer grâce à quelqu’un de sincère. Si vous n’y pouvez rien… dites-le !
Ce filtre est personnel, bien entendu.
C’est le schéma de pensée que j’adopte quand une critique me fait lever le sourcil car je ne m’y attendais pas.
Ce schéma me permet de toujours rester calme, et de ne pas faire grand cas des critiques – au mieux, j’ai quelque chose à apprendre !
Apprenez à vous regarder en face
Dans tous les cas, adopter une posture stoïque et rationnelle ne se fait pas du jour au lendemain.
Nous sommes irrationnels par nature, il faut du temps pour se dompter.
- Mettez au clair vos doutes, vos complexes et vos angoisses.
- Reconnaissez-les sans honte, et gardez en tête que tout ça se travaille.
- Soyez prêt à en discuter calmement, provoquez le dialogue, et apprenez ce qu’il y a à apprendre.
- Quoi qu’il arrive, retenez bien que la susceptibilité vient de complexes mal assumés, de doutes mal formulés… mais qu’en acceptant d’être imparfait, vous progressez vers une meilleure version de vous-même.
Il y a ceux qui restent susceptibles toute leur vie, car ils ne supportent pas d’être mis en face de leurs contradictions et de leurs limites.
Et il y a ceux qui ont le courage de se regarder en face. Ils sont froids, cliniques et efficaces. Ils avancent.
Lequel voulez-vous être ?
Bien cordialement,
Marc
PS : Beaucoup de gens sont susceptibles car ils ont une grande peur du rejet. Je reviendrai sur ce sujet dans une prochaine lettre.
Salut Marc,
je viens de lire cette lettre avec un peu de retard, mais elle est encore une fois très pertinente
Darth Vater
Merci beaucoup.!!!
Cher Marc, à chaque lettre de votre part je suis épaté: vous abordez la remise en forme sous TOUS ses aspects:je n’avais pas pensé à celui-ci. Pour moi qui suis à la fois susceptible et impulsif, force est de constater que j’ai du pain sur la planche si je veux m’améliorer. J’ai déjà testé quelques fois votre approche et je dois dire que j’ai pu une fois (déjà) m’en sortir honorablement sans m’énerver. Je dois cependant reconnaître que l’on tombe facilement dans le travers de la susceptibilité…le challenge tient, en ce qui me concerne, à parvenir à gérer en prenant… Lire la suite »
Bonjour j’adore Ce que je viens de lire. Ça me parle tellement Je suis actuellement avec un clash avec mon fils de 30 ans qui je le ressens bien n’est pas bien au fond de lui Etna des fois ça m’en pousse à nous envoyer ballader Et comme je suis sa maman et très sensible je réagis de suite et et là il m’a fait comprendre qu’il coupait les ponts Ça m’a démoli mais je sais que ce n’est pas irrémédiable. Mais il faut que j’arrive à ne pas le prendre pour moi et lui tendre ma main et mon… Lire la suite »
Merci pour votre lettre qui donne à réfléchir. Les 4 questions à se poser sont (et me seront) fort utiles pour apaiser l’émotion et prendre du recul quant à une critique perçue douloureusement. Dommage d’avoir placé le rejet en PS (ce n’est pas une critique 😉, plutôt un regret). J’espère que vous y reviendrez rapidement. Être critiqué engendre, la plupart du temps un ressenti de rejet…
Bravo pour votre analyse sur ce sujet qui touche tout le monde ! Comme dit quelqu’un que j’apprécie il faut brancher sa caméra et se refaire le film !!
cet article m’a fait du bien.
je me suis tout à fait senti concernée.
Merci
Oui, quelquefois les mots font mal. Pour moi aussi, de moins en moins, car je ne gère pas que mon physique. Mes mots aussi peuvent être forts et blessants, mais quand je le décide. A plus de 60 ans, je n’ai plus les mêmes capacités physiques que lorsque j’étais jeune commando parachutiste. Mais bon courage à qui viendrait me taquiner. Sans illusion sur le long terme car on trouve toujours plus fort que soi. Carpe diem.
… Une belle façon de remettre les choses à leur vraie place ! Merci de ce rappel, bien nécessaire et à garder précieusement pour la prochaine… critique !!!
Bonjour,
Il y a une philosophie qui explique en long et en large la meilleure attitude à adopter face à l’adversité en tous genres: c’est le stoïcisme, une philosophie très ancienne mais toujours d’actualité. Elle très clairement expliquée sur Youtube par un professeur qui se présente sous le nom du « précepteur » (Charles Robin, je crois); ça vaut la peine d’écouter.
Entendu parler Marc?
Bonjour Pierre,
Absolument ! J’ai découvert le stoïcisme à travers Marc-Aurèle pendant mes jeunes années, et j’ai poursuivi ma « formation » stoïcienne au fil des ans… En revanche, je ne connais pas le « précepteur » mais je vais regarder ça de suite. Merci pour le conseil !
A propos de la susceptibilité !
L’enfer ce n’est pas les autres, car c’est LIBREMENT qu’on reste en enfer …
On donne aux autres les occasions de nous juger. Offrons-leur alors une bonne image de nous et arrêtons donc de nous sentir blessés par leur jugement !
Soyons calmes voire indifférents ou ouverts au dialogue !
Hello
Votre lettre tombe à pic car je viens de recevoir une volée de bois vert…Je vais donc essayer d’en tirer profit 😉
Merci et Belle journée 🙏
Merci pour ses bons conseils que je vais m’essayer d’appliquer car je suis hyper susceptible et je veux changer car je me gage la vie avec ça.Bonne journée
25 000 lecteurs ! C’est énorme !
25 000 personnes qui ont compris qu’elles pouvaient bénéficier de conseils remarquables pour devenir meilleurs pour eux-mêmes… et pour les autres !
Marc, quand on est à votre niveau on maîtrise ses émotions face aux critiques, mais aussi face aux compliments.
Pourtant j’espère bien vous arracher un sourire en vous disant que j’ai un énorme plaisir à vous lire tant vos conseils me semblent avisés et particulièrement constructifs !
Jean-Michel
Lettre qui fait vraiment du bien.
Merci.
En résumé le mot chien ne mord pas. Et pour ceux qui ne sont pas convaincus, ils peuvent lire les accords Toltèques pour commencer.
A partir du moment ou on se recentre sur soi-même et qu’on fait moins attention aux autres, curieusement on devient moins susceptible.
Les mots ne blessent pas, par contre la parole est sacrée, il faut faire attention à chaque mot qui sort de notre bouche pour justement ne blesser personne.
Merci Marc
👍
Ah ! Merci beaucoup pour tout ce déroulé de « force mentale » au ptit dej en début de week-end…ça repositionne pour les jours avenir. J imprime et relirais quand besoins. J aime bien ton expression carrée (euh..! Comme tes épaules ? ) et sans détour .Merci.
Bravo Marc, très beau contenu, je pense qu’il s’adresse à un très grand nombre pour ne pas dire tout le monde.